Cybercriminalié : alerte aux « love » escroquerie

1 août 2013

Cybercriminalié : alerte aux « love » escroquerie

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Des milliers de victimes en France, et certaines sur la Côte d’Azur, osent en parler. Conquises sur le Net puis rançonnées dans la vraie vie, elles ont perdu leurs illusions et des dizaines de milliers d’euros.

Mais comment avez-vous pu être aussi naïve, une femme comme vous ?» Lorsqu’elles osent porter plainte, les victimes de« romance scam (1) »appréhendent la double punition du regard des autres. Ce petit air ironique que l’agent chargé de recevoir leur plainte ne peut en général réprimer. Victimes sur le Net de ces escroqueries à l’histoire d’amour, elles hésitent du coup à demander justice.

Alors que la Grande-Bretagne a recensé l’année dernière plus de deux cent mille de ces « love escroqueries », estimant le préjudice global à près de 50 Me, en France la combine reste dans les eaux troubles du non-dit, du non-dénoncé.

1 400 victimes à lui seul

Les victimes sont pourtant de plus en plus nombreuses. Sur la Côte d’Azur, elles sont plusieurs centaines. Majoritairement des femmes qui, grâce à l’association AVEN (Association des victimes d’escroqueries à la nigériane) qui les soutient juridiquement et psychologiquement, sortent de plus en plus de l’ombre. Cœurs brisés et comptes en banque vidés chaque fois. Mais désormais déterminer à se rebeller. Cinq d’entre sur la Côte ont décidé de porter l’affaire en justice, quitte à passer pour des « idiotes »…

Enseignante dans un collège privé, Dominique, 48 ans, a perdu 16 000 e dans l’affaire : 16 000 e qu’elle croyait avoir « prêtés » à l’homme qu’elle aimait et qui l’aimait. Toutes se sont laissées piéger par le même « brouteur » : c’est le nom de code que se donnent les escrocs à la « love romance ».

La police ne le retrouvera jamais. Et pour cause : il sévit depuis dix ans, dissimulé derrière le profil Facebook piraté d’un certain GianCarlo Braga. À lui seul, ce « brouteur » a fait plus de mille quatre cents victimes, au point d’être devenu l’obsession de Camilla Parisot, l’enquêtrice de l’association AVEN.

Officiant depuis un cyber-café d’Abidjan ou de Dakar, ce «GianCarlo» est à l’abri de toute poursuite. Ou presque. « Ce type d’arnaque sur le Net explose littéralement», confirme un policier niçois de la cellule de lutte contre la cybercriminalité.

Intouchables

« Le fait est qu’il est compliqué, voire impossible d’aller traquer ces escroqueries ourdies la plupart du temps depuis d’improbables cyber-cafés en Afrique, au Bénin, Togo, Côte d’Ivoire.» À rien sauf à remonter ce qui, manifestement, ressemble à de vraies filières de la cyber-escroquerie. En attendant, surfant sur la confusion des sentiments et du rapport faussé au réel que les réseaux sociaux nourrissent dans les rangs de personnes en situation de solitude affective ou sociale, les «brouteurs» prospèrent. En toute impunité.

Après la « love scam », ils viennent d’inventer l’escroquerie à l’offre d’emploi bidon. Elle aurait déjà fait selon Camilla Parisot des centaines de victimes !

La lutte anti «love scam» de l’AVEN

L’association AVEN qui mène la lutte contre les «love scam» a été fondée par… une des victimes de ces escroqueries du Web. Sa présidente Christine Goubert a décidé d’engager une sorte de croisade contre les escrocs tout autant que les idées reçues: «AVEN ce sont des centaines de victimes qui agissent.

Loin de nous replier derrière la honte de s’être fait escroquer, nous n’avons de cesse d’interpeller les webmasters des sites qui véhiculent ce type d’arnaques, les banques qui acceptent de faux chèques sans vérification, la Poste et les agences de Western Union qui n’informent pas leurs clients des risques des transferts d’argent liquide vers l’Afrique de l’Ouest et la justice qui, le plus souvent, ne donne pas suite aux plaintes de nos adhérents».

Contacts: sur Facebook pages/Arnaques-Du-Net-Aven-Europe ou contact@avenfrance.org

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